L’Agence Mondiale Antidopage a rendu public la liste des interdictions 2019.
La liste des interdictions 2019 a été publiée par l’AMA. Un millésime qui s’est attaché à ordonner de manière plus structurée différentes substances et méthodes. La Liste des interdictions 2019 rentrera en vigueur le 1er janvier prochain. Elle sera effective le 1er janvier prochain.
Le document de référence
L’Agence mondiale antidopage (AMA) a rendu publique la Liste des substances et méthodes interdites 2019 (la Liste), le Résumé des principales modifications et les notes explicatives de 2019, ainsi que le Programme de surveillance 2019. La Liste, qui a été approuvée par le Comité exécutif de l’AMA le 20 septembre 2018, entrera en vigueur le 1er janvier 2019.
La Liste, qui constitue l’un des six Standards internationaux que tous les signataires du Code mondial antidopage (le Code)sont tenus de respecter, énumère les substances et les méthodes qui sont interdites en compétition et hors compétition, de même que les substances qui sont interdites dans certains sports.
« L’AMA est heureuse d’annoncer la publication de la Liste des interdictions 2019, a déclaré Olivier Niggli, directeur général de l’AMA. Mis à jour annuellement, ce document constitue l’une des pierres angulaires du programme mondial antidopage. Chaque année, nous révisons la Liste en consultation avec de nombreux partenaires. Il est essentiel que nous maintenions une longueur d’avance sur ceux qui veulent flouer le système et, en conséquence, les experts qui révisent la Liste prennent en compte de nombreuses sources, dont des études scientifiques et médicales, les tendances en matière de dopage, et les renseignements obtenus des forces de l’ordre et d’entreprises pharmaceutiques. »
Ordre et surveillance
Peu de changements notables pour cette édition. Les experts se sont concentrés sur la réorganisation de la présentation générale des substances et des méthodes interdites pour mieux coller aux enjeux du dopage actuel. Il est tout de même intéressant de noter que la caféine, considérée comme produit doppant jusqu’en 2004, est dans la liste des substances sous surveillance. La nicotine aussi, aux côtés du Bupropion (souvant utilisé dans le cadre d’un sevrage de tabac), de la phényléphrine (anticoagulant), de la phénylpropanolamine (décongestionnant nasal), du pipradol (stimulant) et de la synéphrine (alcaloïde présent dans certains végétaux et chez certains animaux). Ces produits ne sont pas interdits, mais feront l’objet d’une étude d’impacts sportifs poussée et pourrait, à terme, intégrer la Liste. Il convient donc d’être vigilant à leur sujet.
Pour aller plus loin : trois questions au Docteur Jacomet, Membre du Comité Monégasque Antidopage
La caféine est un stimulant connu depuis des siècles. On sait même avec certitude de nos jours que c’est un stimulant à la fois psychique et physique. Mais, vu son usage extensif par l’homme, il semble impossible de l’interdire totalement dans le sport. D’autant plus qu’il faudrait interdire la consommation de café, de thé et de chocolat qui en contiennent tous les trois.
Les premières interdictions dans le sport ont logiquement porté sur les stimulants et c’est même eux qui alimentent la liste la plus longue des substances interdites. L’AMA précise que « tous les stimulants sont interdits » et que tous les analogues, par la structure chimique ou l’effet biologique, d’une molécule stimulante listée sont également interdits. Donc, il n’y a pas d’autre solution que de garder la caféine sous surveillance puisqu’on ne peut ni l’autoriser ni l’interdire comme le voudrait le Code mondial du sport.
La nicotine :
La nicotine est un stimulant paradoxal. Elle produit instantanément une relaxation (effet parasympathomimétique) mais l’organisme produit en réaction tout aussi instantanément une stimulation adrénergique (sympathomimétique) exactement opposée. Cet effet paradoxal entraîne une puissante addiction chez l’homme qui trouve là deux fois son bonheur.
Chez le sportif, la nicotine peut s’avérer dangereuse car le cœur a besoin de savoir dans quel sens il doit fournir un effort. Ca ne peut pas être à la fois en plus et en moins au risque de provoquer un trouble du rythme cardiaque. Donc, le bénéfice attendu est surtout prévisible avant l’effort physique et pour prévenir le stress d’entrer sur le stade, la piste, les courts, etc.
Comme pour la caféine, vu son usage extensif par l’homme, il semble impossible de l’interdire totalement. Donc, il n’y a pas d’autre solution que de la garder sous surveillance puisqu’on ne peut ni l’autoriser ni l’interdire comme le voudrait le Code mondial du sport.
Le bupropion :
Le sevrage du tabac se fait surtout par substitution directe avec de la nicotine notamment en patch beaucoup plus efficace quoique le succès soit assez limité (20% maximum de réussite à 1 an).
Le bupropion est considéré comme un stimulant parce que sa structure chimique est dérivée de l’amphétamine et que son effet au niveau cellulaire augmente la dopamine et la noradrénaline circulantes. Or, l’AMA a spécifié que toute molécule ayant une parenté structurale ou un effet comparable à une autre molécule stimulante (ici l’amphétamine) devait être interdite. Autrement dit, dans le doute d’un effet dopant clairement démontré, elles sont toutes interdites.
Si les molécules stimulantes avaient toutes les mêmes effets et étaient réellement comparables à l’amphétamine ou à tout autre molécule de référence, il n’y aurait pas autant de molécules disponibles différant entre elles par leur structure ou par leur effet. Donc, ce qui est sanctionnable avec des molécules comme le bupropion c’est la recherche en soi d’un effet dopant, même sans succès démontré. La recherche d’un effet dopant est contraire à l’éthique du sport, l’un des trois items fixés par le Code mondial du sport. Mais, dans le doute d’un effet démontré sur la performance, l’AMA a toutefois choisi pour l’instant de le mettre seulement sous surveillance.
Le rôle de l’AMA est d’interdire toutes les substances : 1- qui ont un effet sur la performance, 2- qui mettent en danger la santé des sportifs ou 3- qui sont contraires à l’éthique sportive. Consécutivement, tous les médicaments et substances susceptibles d’avoir un effet sur l’organisme ont vocation à être interdits. Ce qui est somme toute logique.
La difficulté est ensuite de pouvoir les identifier au laboratoire sans se tromper donc d’éliminer les faux positifs. La recherche d’une sanction juste voudrait aussi qu’on prenne en compte un effet démontré sur la performance et donc sur l’obtention d’une place ou d’un gain injustifié. Quant à l’effet sur la santé, il va de soi que le risque n’est jamais nul d’obtenir un effet indésirable plus ou moins grave à court, moyen ou long terme sur un organisme lancé à pleine vitesse physiologique comme l’exige le haut niveau sportif.
Pour y arriver, il est indispensable de surveiller toutes les substances pour mieux les connaître avant de les inclure dans une liste d’interdictions.