Le Cannabis ne sortira pas de la Liste des interdictions de l’Ama

L’Agence mondiale antidopage (AMA) a réitéré sa position concernant le cannabis, dont le principe actif est le delta9- tétrahydrocannabinol (THC). Après la réalisation, par son Groupe consultatif d’experts sur la liste des interdictions, d’une vaste étude sur l’usage et les effets de cette substance, il a été conclu que le cannabis répondait aux critères pour être inscrit sur la Liste des interdictions. L’usage du cannabis demeure demeure donc interdit en compétition.

L'AMA interpellée

Au cours des dernières années, cinq organisation nationale antidopage et une fédération sportive ont interpelé l’AMA afin que celle-ci revoit sa position sur la substance. En 2021, l’Agence a entériné l’établissement d’une révision scientifique au cours de l’année 2022 par son Groupe consultatif d’experts sur la liste des interdictions (LiEAG).

L’an passé, le LiEAG, composé d’experts externes et internationaux en pharmacologie, toxicologie médico-légale, toxicomanie, sciences analytiques, pharmacie, médecine du sport, chimie, endocrinologie, médecine interne, affaires réglementaires, peptides et facteurs de croissance et hématologie a entrepris une nouvelle révision complète du statut du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) dans le sport.

Pour être inscrite sur la Liste des interdictions, une substance doit répondre au moins à deux des trois critères suivants :

  • le potentiel d’améliorer ou améliore effectivement la performance sportive;
  • la preuve médicale ou scientifique, l’effet pharmacologique ou l’expérience démontrant que l’usage de la substance ou de la méthode est un risque avéré ou potentiel pour la santé du sportif;
  • la détermination par l’AMA que l’usage de la substance ou de la méthode est contraire à l’esprit sportif tel que décrit dans l’introduction du Code.

Le LiEAG avait pour mission de statuer sur chacun de ces points.

Un rapport sans appel

Le LiEAG a rendu ses conclusions pour chacun des critères.

  • Il existe des preuves médicales convaincantes que l’utilisation du THC est un risque pour la santé, principalement neurologique, qui a un impact significatif sur la santé des jeunes, une cohorte qui est largement représentée chez les sportifs.
  • L’ensemble actuel de preuves objectives ne soutient pas l’amélioration des performances physiologiques par le THC, tandis que le potentiel d’amélioration des performances par le biais d’effets neuropsychologiques ne peut toujours pas être exclu.
  • Compte tenu des valeurs englobées par l’esprit sportif, comme souligné par le EAG Éthique, et en notant en particulier que le respect de soi et des autres participants inclut la sécurité de ses concurrents, l’usage de THC en compétition contrevient à l’esprit sportif.

Une position claire... qui peut évoluer

Face à se retour documenté, l’AMA ne pouvait pas prendre d’autre décision que de conserver le cannabis au rang des substances interdites en compétition.

Sur la base de ces trois critères définis par le Code, sur la base des preuves scientifiques disponibles, il est conclu que le THC remplit les critères pour être inscrit sur la Liste.

Cependant, l’Agence entend prendre en compte l’évolution de la société et celle de nombreuses législations nationales à travers le monde et ne reste pas fermée à une éventuelle modification des critères de déclenchement d’un Résultat d’Analyse Anormal (RAA ou « contrôle positif ») au cannabis.

La position de l’Agence a d’ailleurs évolué de nombreuses fois ces dernières années.

  • 2013: Le seuil urinaire est augmenté de 15 ng/mL à 150 ng/mL avec une limite de décision à 180 ng/ mL. Le nombre de RAA a été considérablement réduit, passant d’une moyenne de 400 à 500 par an dans les années 2009-2012 à moins de 100 en 2021.
  • 2018: Le cannabidiol (CBD) est retiré de la Liste des interdictions, permettant aux sportifs qui souhaitent en consommer d’avoir accès à ce composant non psychoactif du cannabis.
  • 2021: L’inclusion de la disposition sur les substances d’abus dans le Code a considérablement réduit la durée des sanctions de suspension de deux (ou même quatre) ans auparavant à trois (voire même un) mois aujourd’hui pour les sportifs qui peuvent établir que l’utilisation de THC s’est produite hors compétition et n’était pas liée à la performance sportive. En vertu de l’article 9 du Code, le sportif perdra toujours sa médaille, son prix et son résultat.
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