Bienfaits du froid sur la santé du sportif : mythes et réalités
Le froid fait partie des totems intouchables de la médecine sportive. Il serait un allié incontournable pour limiter les courbatures, mieux oxygéner ses muscles et se remettre plus rapidement après un effort intense.
Coup de froid
Courbatures, inflammations musculaires et douleurs variées vont de pair avec un effort physique. Les athlètes professionnels et amateurs sont bien placés pour le savoir ! Les préparateurs physiques misent alors sur les effets du froid pour soulager les corps et leur permettre de récupérer plus vite.
Depuis la pratique de massages à la glace jusqu’à l’injection d’eau saline froide, sans oublier l’immersion d’un membre dans l’eau glacée, il existe de nombreuses façons d’utiliser les bienfaits du froid. En tête de liste, les sportifs les plus courageux plongent leur corps entier pendant une vingtaine de minutes dans un bain maintenu à environ 10 °C grâce à l’ajout de glaçons. Autre alternative : le bain à contraste qui consiste à passer deux à trois minutes dans une baignoire d’eau froide avant de s’immerger quatre à cinq minutes dans une eau chaude (35 à 40 °C).
Depuis quelques années, des centres spécialisés proposent même des séances de cryothérapie aux sportifs comme au grand public. Installée dans une sorte de cylindre géant ne laissant dépasser que la tête, la personne est ici soumise à un froid particulièrement intense pouvant aller de -110 °C à -140 °C, durant trois minutes maximum, afin de provoquer un choc thermique.
Ne pas surestimer ses effets
Une compilation de données médicales réalisée en 2015 par la Cochrane Library conclut qu’« il n’y a pas suffisamment d’éléments de preuves pour déterminer si la cryothérapie du corps entier réduit les courbatures auto-déclarées ou améliore la récupération subjective après l’exercice par rapport aux situations de repos passif ». Enfin, l’exposition aiguë et chronique au froid provoque des changements au niveau des cellules de défense de l’organisme (neutrophiles et lymphocytes). Ces transformations pourraient expliquer les raisons pour lesquelles nous sommes plus vulnérables aux infections virales lorsque nous prenons un « coup de froid ». Le froid modéré augmenterait la capacité aérobique en redistribuant la circulation cutanée au muscle. Cependant, l’exposition à un froid intense pourrait irriter les bronches et diminuer la capacité à produire un haut rendement cardio-pulmonaire, et ce, pendant de nombreuses heures. La tolérance au froid diminue avec l’âge. Aussi, les patients souffrant d’une maladie cardiaque sont plus sensibles au froid et leur capacité cardio-pulmonaire s’en trouve diminuée. Le froid peut donc s’avérer dangereux pour certains individus. Les grandes études de population confirment une mortalité générale augmentée durant les périodes de température très froide chez les personnes plus vulnérables. Lors d’une exposition aiguë, l’immunité pourrait s’abaisser, mais l’exposition au froid de façon chronique, quant à elle, améliorerait la réponse immunitaire. De plus, une adaptation au froid semble diminuer la génération des hormones de stress ce qui nous rendrait moins vulnérables aux infections. Ceci pourrait expliquer, entre autres, les vertus des bains nordiques qui stimulent la circulation du sang. Tout est donc une question d’équilibre.
Le corps et l'esprit
Mais quel est l’intérêt de ces différentes pratiques ? Le recours froid est une méthode efficace pour diminuer la douleur et réduire les courbatures qui apparaissent nécessairement après avoir fait de l’exercice. L’immersion dans l’eau froide diminuerait ainsi l’inflammation musculaire et ses effets secondaires désagréables. Le froid est d’abord connu pour son pouvoir antalgique. Chacun l’a expérimenté, il anesthésie les tissus et calme les brûlures et les douleurs. Mais c’est aussi un très bon anti-inflammatoire, qui permet de réduire les œdèmes et de diminuer les inflammations causées par une poussée d’arthrite ou par des traumatismes (entorse ou une dent arrachée), par exemple. L’application de glace sur la peau, non sans un linge pour la protéger, est d’ailleurs la première mesure à prendre en cas d’entorse, de déchirures musculaires et ligamentaires. Le froid protège également les cellules, comme l’explique le Dr Mauro Oddo, médecin adjoint au service de médecine intensive adulte au CHUV de Lausanne et spécialiste en neuro-réanimation : «La mise en hypothermie volontaire et contrôlée de l’organisme, pratiquée en médecine intensive, améliore nettement le pronostic des patients victimes de coma après arrêt cardiaque. Plusieurs études ont montré que ce type de traitement augmente la survie et améliore le pronostic neurologique dans tel cas.» Il permet également de détruire un nombre important de lésions, de la verrue à la tumeur.
Une étude australienne publiée dans le Journal of Physiology en 2016 met aussi en avant les bienfaits pour les athlètes d’endurance, puisque le froid stimule la production de la molécule PGC1, qui favorise le développement des mitochondries, sortes de centrales énergétiques des cellules. Ces chercheurs recommandent en outre aux sportifs de haut niveau de prendre un bain froid une heure avant d’aller se coucher pour favoriser leur sommeil en diminuant la température centrale de leur corps.
Wim Hof, alias The Iceman, un Néerlandais connu pour avoir couru un semi-marathon sur le cercle polaire en short et pieds nus et avoir nagé en apnée sous la glace polaire sans combinaison, vante pour sa part sa méthode extrême alliant exercices respiratoires et méditation dans le froid pour contrôler son système immunitaire.