En mettant l’individu au centre de ses préoccupations, notre époque a consacré la performance, l’efficacité et la différenciation. Au travail, dans notre vie quotidienne, dans le sport, le dépassement de soi est devenu, au fil des temps, une valeur cardinale. C’est aussi cela, l’ère numérique, l’ère du nombre : tout est décompté, pesé et soupesé, mesuré. Et de la mesure à la comparaison, il n’y a qu’un petit pas, allègrement franchi. Mécaniquement, lorsque deux choses sont comparées, l’une des deux se trouve en position d’infériorité par rapport à l’autre, en échec. Dépassement de soi, peur de l’échec, crainte de la non-intégration… la tentation est ainsi grande d’avoir recours à des garde-fous illusoires pour se maintenir sur ce fil tendu au-dessus du précipice que creuse, chaque jour davantage, notre temps, à grand renfort de mythes modernes ou d’enjeux financiers hors de toute mesure. Comment, alors que les techniques n’ont jamais été aussi perfectionnées et les méthodes aussi efficaces, protéger les jeunes sportifs contre le dopage ? Comment repérer les conduites dopantes ? Quels sont les signaux qui doivent déclencher les alarmes ?
Les premiers indices
Que l’on soit médecin, entraîneur ou tout simplement parent, les premiers indices peuvent paraître anecdotiques. Cela peut être une demande de complément alimentaire pour gérer le stress d’un examen ou l’angoisse d’une future prise de parole en public ou le recours à un médicament pour lutter contre la fatigue scolaire ou professionnelle. Anodins en eux-mêmes, ces comportements doivent attirer l’attention. Il faut profiter des moments d’interrogation et de discussion qu’ils soulèvent pour revenir sur la pratique sportive quotidienne et aborder la question importantes des substances (compléments alimentaires, médicaments, etc.) consommées dans le cadre athlétique. Il faut toujours garder à l’esprit que ce sont principalement les prescriptions médicales détournées de leur usage premier (corticoïdes, bêta-bloquant, anxiolytique, sildénafil, anabolsants, bêta-2 agonistes, diurétiques, narcotiques, etc.) qui sont à l’origine des premières dérives vers une conduite dopantes.
Conduites dopantes et dopage
On parle de conduite dopante lorsque l’on a recours à un produit, (vitamine, nutriment, stupéfiant, médicament, etc.) pour surmonter un obstacle, réel ou supposé, que ce soit dans le cadre scolaire, universitaire, professionnel ou personnel.
Le dopage, lui, ne concerne que les sportifs, qui, dans le cadre de leur pratique, que ce soit en compétition, en manifestation ou lors de leur entraînement, ont recours à des substances ou à des méthodes inscrites sur la liste établie par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Il s’agit, hors dérogation, d’une pratique prohibée.
Les facteurs déterminants
Le sexe
En moyenne, les garçons sont davantage coutumiers des conduites dopantes que les filles. Celles-ci consomment toutefois plus de vitamines et/ou médicaments pour améliorer leurs résultats scolaires ou leurs capacités intellectuelles que leurs homologues masculins. Ces derniers sont en revanche bien plus portés sur le dopage sportif et sur l’amélioration des performances physiques.
L'âge
L’adolescence est un age crucial qui voit se multiplier les conduites dopantes.
Le stress
Le manque de confiance, une mauvaise estime de soi ou encore une anxiété latente peuvent trahir des difficultés à faire face aux obstacles du quotidien ou à certaines échéances et amener à des conduites dopantes. L’absence de préparation à l’échec ou une trop grande pression, notamment parentale, aussi.
Le manque de soutien
À l’instar d’une trop grande pression mise par l’entourage, le manque de reconnaissance et de soutien fait partie des facteurs aggravants.
La solitude
Les sportifs, en particulier les plus jeunes, ont la fâcheuse tendance à se renfermer, à s’obstiner et à refuser à demander toute aide.
Le goût de l'interdit
L’attrait pour de nouvelles expériences et la séduction de l’interdit expliquent souvent la première prise de substances prohibées ou non (alcool, cannabis, etc.).
L'isolement social
Éloignement du domicile, renfermement, solitude, etc., doivent inciter à une vigilance accrue.
L'incitation
L’entourage, l’encadrement, les amis ou la famille ne sont pas toujours exempts de tout reproche. Bon nombre de conduites dopantes ont été initiées par des proches. Le comportement des aînés, des entraîneurs, des coéquipiers ou des collègues est ainsi déterminant.
Le culte de la performance
Au-delà de la pression de l’entourage, le goût démesuré de l’époque pour la performance et le spectaculaire, l’attrait de la célébrité à tout prix et les enjeux financiers colossaux renforcent le recours au dopage.
Capacités intellectuelles
Déclarent avoir eu recours, au moins une fois, à des produits pour améliorer leurs performances intellectuelles.
Capacités physiques
Déclarent avoir eu recours, au moins une fois, à des produits pour améliorer leurs performances physiques.
Que faire ?
La prise de conscience des risques et l’attention portée aux indices que nous venons d’évoquer sont déjà des étapes décisives sur le chemin de la prévention. Le dialogue, la mise en conscience de l’athlète, la compréhension de ses problématiques, l’apprentissage de l’échec, l’établissement d’une relation saine et durable avec son entourage, son encadrement, ses coéquipiers et ses amis, la sensibilisation aux risques sanitaires, la communication continue et apaisée, la surveillance bienveillante et le respect des performances viennent compléter un arsenal parfaitement apte à réduire au maximum les risques de dopage.
Même à un âge délicat comme peut l’être l’adolescence, avec son lot d’incommunication et de conflits, il faut que ces problèmes soient abordés. Si vous avez des craintes, des interrogations, des doutes, ou si vous avez besoin d’une aide quelconque, n’hésitez pas à nous contacter. Le Comité Monégasque Antidopage est là pour prévenir, aider et conseiller, bien avant d’intervenir pour sanctionner.